Qu’est la poésie ?
Ou plutôt de quoi est fait un poème ? Comment s’écrit-il ?
Pour moi, cela a toujours été un acte de liberté, voire libertaire ; ce que j’écrivais à 17 ans était illisible (trop influencé par les surréalistes), mais peu importait, n’est-ce pas ? Jouer avec les mots, les phrases, la syntaxe... chercher le contexte ultime pour décrire de manière originale nos sentiments, nos regards, nos souffrances, nos joies, notre béatitude face au monde vivant...
Je suis toujours stupéfait en lisant les poètes de voir la diversité incroyable des poèmes, leur grande pluralité, leur grande variété...
Les poètes sont des hommes et femmes habiles, leur lecture la plupart du temps m’enchante ; y compris la poésie contemporaine qui n’a pas toujours bonne presse...
Lysiane Rakotoson a eu la chance (mais sans doute n’est-ce pas que de la chance) de gagner le prix de poésie de la Vocation (Fondation Marcel Bleustein-Blanchet) ce qui lui permet aujourd’hui d’être publié par une maison dont tous les poètes rêvent : les éditions Cheyne.
Lysiane est une jeune agrégée de littérature et son premier recueil publié laisse augurer de belles choses... Elle s’intéresse au rapport théâtre poésie et à l’oralité en littérature.
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En deux temps : respiration des commencements puis confidence faite à ma nuque (ah ! les nuques des femmes !), Lysiane Rakotoson a confectionné un petit livret sensible. L’ouverture : c’est l’aube : (en bleu : de l'auteur)
Le matin a remué d’un coup sa volière de silence et de lumière.
Je porte cette bure jusqu’à ce que le poème creuse un passage dans ta chair
Il y a de la fragilité, mais tout autant de la force, et puis des phrases courtes, certains poèmes pouvant évoquer des idées d’haïkus... (une influence de Guillevic connu pour sa concision et qu'aime l'auteur ?) comme :
Tes mains
Je rêve de ces couteaux plus hauts que l’été,
Et de leur répétition.
On y trouve un langage des corps amoureux et un retour régulier au monde solaire et aérien (beaucoup d’oiseaux), sensuel et terrien, comme :
Le soleil me dévalise -
ma bouche capitule
au bord -
me livre ainsi tes contours
un parfum de cailloux frottés -
feu de joie dans la détresse des muqueuses.
Puis comme dit la poétesse : devenir à son tour un corps conducteur, être traversée par une brûlure croissante ; le « nous » le « nos » le « notre », le « tu » et le « je » ensuite deviennent le squelette de cette traversée bleue, comme si le couple, ou l’amour – à lui seul – suffisait à décrire le monde...
Un constante attention aussi au monde extérieur : celui des nuages, des écorces, des oiseaux, des paysages...
Poèmes brefs et concis, les textes de Lysiane Rakotoson se lisent comme des épures...
Le ciel fait la diérèse du rose et du bleu et nous
le roulons paume contre paume féconde. Nous entrons dans le jour, nous inventons une neige et des baisers exacts – violets comme nos bouches un soir.
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