les mots d'Emaz sont courts, les ruptures et les cassures sonnent les mots poèmes
il y a dans le minimalisme d'Emaz un lent et long déversement d'émotions retenues
Peut-être cela, une lumière tendue douce un jour puis d’autres, non pas la même et cependant assez particulière pour déposer dans les mots les yeux. On va de la langue jusqu’au lieu aussi bien que de lui aux mots, maintenant.
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Dessus, il y a l’accueil d’un ciel et au bout, venant vers nous, un fleuve : entre, la lumière distend, amollit le pays au point qu’il n’y a plus qu’espace sans angle, orbite, œil rond. C’est toujours voir, même de loin, une lumière qui tourne l’œil et ouvre.
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Il y a du fleuve dissous dans cette lumière, et de l’air et des arbres, eau et pierres deviennent mal distincts : une matière mouvante, molle. En bordure de l’œil est rejeté ce qui résiste, et droit devant bouge ce qui se mêle, s’épaissit en douceur.
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On voit jusqu’à ce que le pays verse dans le fleuve, dans un mouvement lent qui emporte malgré tout. Vivre coule en voir. On ne bouge pas : on ne fixe plus : on absorbe jusqu’à ne plus tenir à rien tout autour. Alors, on peut fermer l’œil et ne plus garder en tête qu’une lumière ronde.