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"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
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Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

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"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

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Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
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18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 14:27
VIRAGES

    En haut de la colline, le village isolé de San Samuele est inondé de soleil dans le bleu océan toscan ; l’été est là, brûlant ; les vacances des adolescents et des adolescentes ont commencé. Sur la place du village, le soir, des groupes de jeunes viennent discuter tout en cherchant à séduire, à rire et plaisanter.
    Pietro venait de passer selon lui à l’âge adulte : son père lui avait enfin offert la Vespa jaune canari qu’il avait réclamée. Sur la place du village ces jeunes hommes comparaient les mérites de leur machine respective, vitesse, amortisseurs, confort. Devant l’église, au pied des marches les bons amis se réunissaient prêts à affronter le sexe opposé. Pietro était comme eux, il avait déjà fait faire un tour à Julietta et à sa forte poitrine qu’il sentait si bien contre son dos, pression bien troublante, surtout quand elle serrait fort son buste dans les virages, la tête appuyée chaude sur la nuque ; fermant les yeux brièvement il s’imaginait alors balader Sophia Loren ou Brigitte Bardot en robe d’été. Ou encore Monica et ses cheveux et ses yeux très noirs, sa jupette jaune comme la vespa et ses jambes hâlées délicieusement tentantes et vivantes . Tout cela était délicieux.
La Vespa c’était la liberté. Pietro n’en revenait pas, enfin heureux et affranchi, qu’il était doux d’être un homme, l’avenir paraissait prometteur. Qu’il était bon ainsi de descendre cette petite route menant à la ville ou à la rivière, de zigzaguer avec adresse parmi tous ces virages serrés, cachés par les hautes herbes et les oliviers abandonnés. A deux la conduite était plus délicate et selon l’amazone juchée derrière on s’adaptait ; la conduite devenait sobre avec sa sœur, elle restait plus brutale et virile avec Julietta ou Monica. Après la rivière et ses belles ombres et ses eaux glacées, on remontait dans les champs brûlants ; ou alors en ville, Vespa garée, on dégustait des gelatti riches en crème, tout en refaisant le monde. On ne mettait jamais de casque, car la force du vent venant fouetter le visage et balayer les cheveux était essentielle ; ce picotement était une des joies majeures de l’art de la Vespa. C’est alors seulement que venaient des idées de poèmes, des sons de grillons, des inspirations libertaires.
Au milieu de l’été, Sophia Loren le quitta pour une Vespa rouge plus récente et plus en accord avec un nouveau petit tailleur rouge qui fit comprendre brusquement à tout le village que cette jeune fille n’était définitivement plus une gamine. Peu importait, Pietro se mit à descendre seul les trente-deux virages du village en sifflotant et en zigzaguant sa joie de vivre.
Peu après les compétitions commencèrent : trois minutes et trende-deux secondes pour celui qu’on nommait déjà Fausto Coppi et qui pourtant possédait une Vespa des plus anciennes. Les records chutaient rapidement, il y en avait même qui passaient à travers champs abîmant leur machine mais gagnant quelques secondes. Le départ était au pied des marches de l’église, l’arrivée à l’arrêt du bus tout en bas, au croisement avec la route nationale. C’était une compétition amicale mais réelle. Pietro avait été pendant deux jours le roi, mais son record venait de tomber : la Vespa rouge avait fait trois secondes de mieux et Julietta le taquinait gentiment.
Pietro se mit alors à descendre avec frénésie, tentant d’améliorer ses trajectoires, ses freinages, ses accélérations ; il se mit à connaître dans ses moindres détails, chaque bosse, chaque trou de la chaussée, tous les endroits possibles où gagner du temps. Les endroits aussi où la moindre erreur était rédhibitoire et où il valait mieux rebrousser chemin et rejoindre le village. Il redevint ainsi le roi pour plusieurs semaines, personne n’arrivait à battre son record et Pietro attendait assez fier et souriant modestement. Certaines filles s’intéressaient à nouveau à lui, Julietta en l’embrassant serrait un peu son épaule habilement et très discrètement. L’été était là libre, sans souci et plein d'espérance.
Un vilain romain mi-Août mit fin à ce règne, sa machine était belle et ses réflexes étonnants ; une partie féminine du village se pâmait pour lui. Peu importait pour Pietro, le gars du village, c’était lui ! Il reprit ses entraînements et découvrit encore où gagner quelques secondes. Un beau matin il partit à fond, cheveux au vent pour récupérer sa couronne.
Tout allait bien, jamais il n'était descendu si vite mais brusquement au sortir d’un virage, alors que Pietro était assez satisfait de sa course, il y eût un brusque changement de lumière comme un éblouissement et puis surtout comme une sorte de silence, un changement dans l’air, Pietro ralentit et s’arrêta très brutalement. Il eut l’impression à la fois fugace et persistante d’une sorte d’immobilité autour de lui, comme une opacité, comme un brouillard, un arrêt du temps ; et tout se figea, tout semblait bien trop net : le dessin des arbres, le bleu profond du ciel, la ligne d’horizon, le goudron, les bosquets, les herbes, les lignes, les perspectives. Comme si tout cela était devenu faux, irréel ; comme s'il se déplaçait dans un monde qui n'était pas le sien. Enfin progressivement la lumière redevint normale, il entendit à nouveau le bruit strident des grillons et cigales ; cela n'avait duré que quelques secondes ; quelque chose persistait, mais il ne saurait pas trop dire quoi, il prit conscience de son corps, des pieds au sol, de l’air respiré, la poitrine qui se gonfle et s’abaisse. Il était là, pieds au sol ; les yeux piqués par le soleil, il regarda en bas, entendit le son lointain du bus fatigué qui montait au village dangereusement lentement au milieu de la route ; tout le ramenait à lui, à lui-même et à la nature autour ; subitement une phrase lui revint lue la veille : « l’inanité d’une vie trépidante entourée de clôtures ». Il sourit, écarta les bras, fixa un long moment le bleu du ciel puis le soleil, inspira longuement ; puis en souriant il fit demi-tour, l’esprit ailleurs et remonta vers le village, mais doucement, il n’était pas pressé. Le temps des records était passé, quelque chose de nouveau allait débuter, il en avait bien conscience. Tout en remontant tranquillement vers le village, il se demanda bien de quoi il pouvait s'agir.
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commentaires

R
Qu'il est beau ce texte, la chute m'a ,laissée à la fois emplie de peine et de paix...on s elaisse emporter par les courses, les flirts, la lumière et à la finc'est elle qui vous emporte...
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F
Nicolas ! tu t'améliores !<br /> Ferré tu connais ! dingue !
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N
Ce n’est pas par distraction ou parce que je me serais trompé de chemin que j’ai décidé ce soir de vous rendre visite. Ce n’est pas non plus, comme je le lirai certainement dans la presse demain, par souci de compétition avec je ne sais quel autre homme politique qui aurait déjà, avant moi, fréquenté cet endroit. Non, si je viens, c’est pour une autre raison. Et cette raison, je vais vous la dire. Voyez-vous, Monsieur le Poète, je crois, moi, qu’il est temps que nous, les hommes politiques, nous parlions le même langage que les gens des quartiers, et même, oui, même si ces quartiers sont des quartiers virtuels. Il est temps que les habitants des quartiers n’aient plus peur de la poésie. Moi, je vais vous dire quelque chose. La poésie ne me fait pas peur. Et je vais faire en sorte que ce soit les poètes qui aient peur, et plus les braves gens. Al Capone est tombé parce qu’il avait commis des erreurs comptables, et ce sont nos amis américains de la Brigade Financière, que je salue au passage, qui l’ont fait tomber. Monsieur le Poète, vous aussi, vous avez commis une erreur. Laquelle ? Je vais vous le dire. Vous avez incité les jeunes de ce pays à rouler sans casque. Vous avez présenté la jeunesse italienne comme roulant elle-même sans casque, et comme étant dépravée. Qui plus est, vous avez utilisé, sans vous soucier des droits d’auteurs et du copyright, une marque italienne de cycle motorisé. Vous avez ainsi sciemment et doublement offensé le Président du Conseil italien, cela au risque de provoquer un grave incident diplomatique, peut-être un conflit entre la France et l’Italie, deux pays dont l’amitié pouvait sembler indéfectible jusqu’à votre provocation. Et ce conflit pourrait rapidement dégénérer en Troisième Guerre Mondiale. Et cela vous le saviez très bien. Vous le saviez, et c’est en toute connaissance de cause que vous avez écrit cet appel à la haine entre nos deux peuples. Mais je vais vous dire quelque chose. Je suis là, et je ne vous laisserai pas faire.<br /> Poète, vos papiers !
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