Junnosuke Yoshiyuki (1924-1994) était fils de poète. On le sent bien lorsqu’on lit sa prose courte, aérée, flamboyante. Que la littérature japonaise est étincelante et inattendue, originale…
Dans ce livre, que certains amoureux de Yoshiyuki n’aiment pas, car trop énigmatique, trop lent, non abouti… Il y a justement tout ce que j’aime dans l’art japonais de l’écrit : le non-dit, les allusions, les incompréhensions, les difficultés de communications entre les être humains et particulièrement les hommes et les femmes et leurs désirs et leurs fantasmes si différents. On a l’impression parfois de lire du Haruki Murakami.
On parle d’épure. Il s’agit bien de cela dans ce livre : un homme de quarante ans vit une drôle de relation amoureuse avec une très jeune femme de vingt-deux ans. Beaucoup de « Love Hôtels » mais pas de pénétration. Outre les relations et les modes de vie typiquement japonais, il y a de l’universel encore une fois dans ce livre : de la tendresse maladroite et du désir malhabile, des choix difficiles, une vie délicate jamais satisfaite, des orientations inattendues, de la souffrance de part et d’autre.
Incompréhension entre les sexes et les générations ? Oui très vraisemblablement.
Grand livre, une fois de plus chez cet auteur, grand admirateur et traducteur d’Henry Miller ? Oui, assurément.