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  • : mes poésies et petits textes, mes coups de coeur : livres, poésies, chansons poétiques, artistes divers...
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some words :

"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
Ugo Betti

"Le sens trop précis
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ta vague littérature"
Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
qui s’étend de moi vers l’autre. "
Mario de Sa-Carneiro
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 16:12

George-Oppen

 

D’ETRE EN MULTITUDE (1968)

(traduction Yves di Manno)

(Of Being Numerous)  

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George Oppen 1908-1984, un des pères du fugace courant "objectiviste", victime longtemps du maccarthysme, dut s'exiler au Mexique ; après 25 ans de silence , il se remit à écrire... Et nous livra ce splendide "Of Being Numerous", long poème atypique qui allait influencer quantités de jeunes poètes, il eut le prix Pulitzer pour cette oeuvre... En voici un extrait :

 

 

 

27

 

Difficile à présent de parler poésie ----

 

concernant ceux qui ont admis l’étendue du choix ou ceux qui ont vécu la vie à laquelle leur naissance les destinait ---. Ce n’est pas véritablement une affaire de profondeur, mais d’un autre ordre d’expérience. On doit pouvoir dire ce qui se passe dans une vie, quels choix se sont offerts, ce que représente le monde à nos yeux, ce qui advient en temps voulu, quelle pensée imprègne le cours d’une vie et par conséquent ce qu’est l’art, et l’isolement des choses concrètes

 

Je voudrais parler des pièces et de leurs perspectives, des sous-sols et des murs grossiers portant encore la marque du coffrage, les vieilles traces du bois dans le béton, toute la solitude que nous savons ---

 

et des sols balayés. Quelqu’un, un ouvrier supportant, éprouvant cette dénomination précise comme une paternité honteuse a balayé ce sol solitaire, ce sol profondément caché --- toute la solitude que nous savons.

 

Il ne faut pas croire que l’on ait tant de fils à sa disposition,

Et c’est parfois l’unicité qu’il faut voir ;

Là est le niveau de l’art

Il existe d’autres niveaux

Mais pas d’autre niveau pour l’art


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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:24

Gu-ChengCe qui m'a le plus tôt rendu sensible à la poésie ? Une goutte de pluie.

 Sur le chemin que j'empruntais pour aller à l'école se trouvait un pin stupa qui restait de glace chaque fois que je passais devant lui.

 Un jour, après la pluie sans doute, le monde était frais et pur. Le pin stupa se mit soudain à étinceler, couvert de gouttes de pluie brillantes accrochées aux branches et aux aiguilles ; je m'oubliais moi-même. Je vis que chaque goutte d'eau renfermait d'innombrables arcs-en-ciel en mouvement, un magnifique ciel bleu ; dans chacune le monde et moi-même.

 J'apprenais qu'une minuscule goutte de pluie peut contenir l'univers, et tout purifier. Ce monde qui brillait dans une goutte de pluie se révélait plus pur, plus beau que celui dont nous dépendons pour vivre. 

 La poésie, c'est une goutte de pluie scintillante sur l'arbre de l'idéal.

Gu Cheng

(traduction du chinois par Annie Curien, 1981. in Europe, juin 1987, n°698/699)

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 16:37

    Ami d’Eluard et de Tzara, l’écrivain hongrois Gyula Illyès - auteur entre autres de la « Vie de Sándor Petöfi » - fut aussi un immense poète très présent à l’histoire, enraciné dans son peuple et ses misères.



A travers les ruelles souillées



En courant, j’atteignis la porte,
Sur mon front et sur ma poitrine,
Les perçant de gouttes alertes,
La terreur soudain s’installa.
J’inspectai le ciel et le rauque
Aboiement des armes, tout comme
Le pas pressé de mes comparses,
Martelait mon cœur. Des étoiles
Brillaient bien au-dessus de moi.

Temps lointains, temps d’après l’orage
Largement enrichis d’ozone,
Vous dont je crois à la venue,
Gardez-nous en votre mémoire
Hommes et filles d’un bonheur
Futur, nous qui nous faufilions
A travers les ruelles souillées,
Dans la dispersion et la crainte,
Tendant une main hésitante
Pleine d’amour à la recherche
D’un chaleureux embrasement
Pour qu’en naissent vos âmes fortes.
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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 06:58

baudelaire   



    Même si je préfère Rimbaud, Mallarmé ou Verlaine, force est de reconnaître que Baudelaire est aussi un très grand ; Claudel disait qu'il était "le plus grand poète du XIXième siècle.", et Rimbaud : "Le premier Voyant, roi des poètes, un vrai Dieu.".  Il est certain qu'il fut le premier des poètes dits "modernes" et a façonné une oeuvre prodigieusement originale ; il y a chez Baudelaire un mélange étonnant de classicisme et d'imagination qui le rend unique.
   
    Voici un poème que j'aimais beaucoup jadis du grand poète de la lumière noire. Il peut faire penser au tableau "Aspasie" de Delacroix (vers 1824-1826), tableau que le peintre garda précieusement chez lui, dans son atelier, et n'exposa jamais. Delacroix très sensible aux charmes de ses modèles, eut très vraisemblablement cette femme noire comme maitresse. C'était aussi le commencement de portraits de femmes "de couleur". Cette toile est sans doute une des toutes premières.
   
En peignant Aspasie, « Delacroix bouleverse la notion de l’idéal féminin alors que la beauté sombre est à l’époque un thème uniquement littéraire ». Hugh Honour.

" Ainsi ce tableau exprime l’idée chère au Romantisme de vouloir se perdre dans l’étranger : l’idée du rêve, de voyages exotiques à travers une nouvelle image de la féminité, abandonnée aux charmes de la sensualité. Delacroix : voici le Portrait d’Aspasie, cette jeune mûlatresse, lippue, sauvage, sensuelle, fut la maîtresse du peintre : c’est sans doute un des premiers vrais portraits d’une femme de couleur (1824). " Musée Fabre, Montpellier.


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LES BIJOUX


La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient plus câlin que les anges du Mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe ;

- Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !


 

Aspasie, Delacroix"Aspasie", Delacroix, vers 1824, Musée Fabre, Montpellier
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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 10:16

o hara-frank

 

Du café instantané avec de la crème un peu aigre

dedans, et un coup de fil à l'au-delà

qui semble toujours aussi lointain.

"Ah papa, je veux rester ivre des jours et des jours"

de la poésie d'un nouvel ami

ma vie tenue précairement entre les mains

voyantes des autres, leurs et mes impossibilités.

Est-ce cela l'amour, maintenant que le premier amour

est enfin mort, alors qu'il n'y avait nulle impossibilité ?

 

Frank O'Hara : poèmes déjeuner

 

lunch poems

 

poèmes déjeuner

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 16:55

Lettre à un jeune poète (extrait)



Une seule chose est nécessaire: la solitude.
La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.
Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font.
S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part.
Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.

in Lettres à un jeune poète, Gallimard


rainer maria rilke

 

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Rilke-rose

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 06:29



Late fragment



And did you get what
You wanted from this life, even so ?
I did
And what did you want ?
To call myself beloved, to fell myself
Beloved on the earth.

( Et quand bien même,
as-tu obtenu ce que tu voulais de cette vie ?
Oui.
Et que voulais-tu ?
Pouvoir me dire aimé, me sentir
Aimé sur la terre. )
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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 09:20

«La force de ceux qui aiment apaise même les tourments, la tendresse des femmes recèle tant de puissance.» I. F. Annenski




    Le poète symboliste russe Innokenti Fedorovitch ANNENSKI est mort brutalement d’une crise cardiaque à 54 ans en 1909. Son influence demeure encore en son pays très importante, il n’y fut cependant réellement (re)découvert que dans les années 50-60. On le loua pour sa modernité et son originalité, il est, dit on au premier rang de la poésie moderne russe.  Riche érudit (il connaissait une quinzaine de langues), il enseignait la philologie et les langues classiques. De son vivant, ne parut qu’un seul recueil en 1904 ; ses autres livres eurent peu d’échos (traductions, tragédies, articles, essais…). En 1910 paraît « le coffret de cyprès », puis en 1912 « Poèmes posthumes », ces 3 recueils suffiront pour sa notoriété. Il fut aussi un grand traducteur : Mallarmé, Baudelaire, Euripide…

    Longtemps, cet homme demeura une énigme par sa pudeur, son effacement, sa solitude amère, son isolement et par sa vie semble-il fort trop banale ; c’est seulement bien après sa mort que l’on apprit sa souffrance secrète, il fut très amoureux de la femme de son beau-fils, amour partagé, jamais réalisé, sacrifié. Une seule rencontre aux jardins où ils se prirent les mains seulement, ce jour devint le poème « en Mars », puis plus jamais sa vie n’entra dans ses vers… Force d’âme surprenante, grande honnêteté, drame personnel, solitude en embâcle que ses amis et proches ne comprenaient pas. Il s’éloigna des mouvements littéraires du moment pour rester seul dans ses vers. Sa poésie est cependant complexe, un rare poète russe du subconscient. On le surnomma « le Mallarmé russe ».

« Tel est le grand paradoxe du destin poétique d’Annenski : il fut en même temps précurseur et maître, au sens le plus élevé du mot, de tous les plus grands poètes de ce siècle et cependant on peut dire aussi que personne ne marcha dans ses pas ; il alla si loin que tous les chemins poétiques apparurent parallèles au sien. Mais il était et resta unique. Jusqu’à ce jour, il n’y a personne à qui le comparer. » Natacha Strijevskaïa.

« On peut dire qu’Annenski partit sur la route de Rimbaud plus loin que tous les poètes russes. Ses vers sont le résultat de tourment, de nostalgie de « cette beauté cachée là-bas quelque part », tourment de « l’idéal », dernière et unique chance non pas de l’exprimer mais de tenter de l’atteindre, dernière chance de coïncider avec la vie, insaisissable dans sa réalité ; ce n’est pas l’ennui ou le dégoût de l’existence qui meuvent sa plume, mais une recherche frénétique, comme celle de la pierre philosophale, d’un point d’appui pour l’âme, l’incapacité de se tromper soi-même, ni de se résigner à l’apparence de la vie terrestre. » Natacha Strijevskaïa

Anciennement disponible en France (car épuisé à ce jour) : « Trèfles et autres poèmes » dans l’excellente collection « Orphée » / Editions La Différence. 1993, édition bilingue.

Les « trèfles » sont des sortes de triptyques,  la lecture attentive permet de relier ces 3 folioles entre elles.

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TREFLE DE LA TENTATION


1. PAVOTS   

Radieux, le jour brille… parmi les herbes endormies
Flambent partout taches de pavots – comme une impuissance avide
Comme des lèvres pleines de tentation, de poison,
Comme ailes ouvertes de papillons vermeils.

Radieux, le jour brille…Le jardin reste vide et sourd :
Longtemps qu’il en finit avec festin et tentation –
Secs comme tête de vieilles, les pavots sont
Du haut du ciel, illuminés par l’ostensoir brillant.

2. L’ARCHET ET LES CORDES

Quel sombre et lourd délire !
Hauteurs combien troubles-lunaires !
Toucher la viole des années durant, et
A la lumière, ne pas reconnaitre ses cordes !

Qui a besoin de nous ? Qui illumina
Ces deux faces jaunes ; deux, tristes…
L’archer soudain sentit
Quelqu’un les prendre, les réunir…

« Dans les ténèbres depuis quand !
Dis seulement es-tu la même, même ? »
- Sonnant, la viole le câlinait
Et le caressant, palpitait…

« Nous ne nous quitterons plus jamais
N’est-ce pas ? Dis-moi que c’est fini… »
« Oui » - redisait la viole
Mais elle souffrait en son cœur.

L’archet a tout compris, s’est tu,
Dans la viole, le son vibrait toujours…
Et ce qui leur était supplice
Etait musique pour autrui.

Jusqu’à l’aube nul ne souffla
Les bougies… Chantait la viole…
Seul le matin les a trouvés
Sur le velours noir de leur couche.

3. EN MARS

Oublié ce rossignol dans les branches odorantes
Mais non le matin d’amour !
Ni le sein flambant noir de la terre ressuscitée
Sous les feuilles toujours mortes !

Demi-vêtue des lambeaux de sa chemise de neige
Elle ne connut le désir qu’une fois,
Une fois seulement, plus que de vin encore,
Mars l’enivra !

Une fois seulement nous n’avons su lever
Nos yeux de la terre gonflée… Une fois seulement,
Avons tressé nos mains froides, tremblants, le jardin aussitôt quitté
Cette fois… Cette fois seulement…

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 13:00



dagt1.jpg

There is a solitude of space
A solitude of sea
A solitude of Death, but these
Society shall be
Compared with that profounder site
That polar privacy
A soul admitted to itself -


Il est une solitude de l'espace
Une solitude de la mer
Une solitude de la Mort, mais elles
Sont société
Comparées à ce site plus profond
Cette polaire intimité
D'une âme qui se visite -

(traduction Claire Malroux)
à propos de cette excellente poétesse : essayez de retrouver l'émission de Sophie Nauleau sur Emily Dickinson il y a 2-3 ans en podcast (émission "ça rime à quoi") sur France Culture / c'était une émission fa-bu-leuse ! Quel être étrange cette Emily, enfermée dans sa chambre toute sa vie...
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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 10:16

   Je vous ai dit récemment le bonheur que j'ai eu à lire "scintillation", enfin un roman qui sortait de "l'ordinaire" ; comme ce romancier fut avant tout poète ; j'achetais "The hunt by night", dans une version bilingue fort agréable. (traduit de l'écossais par Françoise Abrial)


penseras-tu à moi non pas, tel que je suis

mais tel que je deviens :

 

seul dans les bois ;

      seul

en l'absence de moi

 

incorporé à l'insaisissable de l'écoute

 

will you think of me not as I am

but as I become :

 

alone in the woods ; 

      alone

in the absence of me

 

absorbed into the slick of listening

 

********************************************************

chasse nocturne-Burnside

 

 

Chasse nocturne

 


Les enfants se figurent la mort comme une accumulation

d'ombres entre les arbres : une cachette

pour tout ce que les adultes ne peuvent nommer.

Pourtant, ils se pressent pour ne pas manquer le rendez-vous

au fond des bois, au point de rencontre des lignes parallèles,

là où tout est modifié de son propre

élan - modifié même si nous disons transformé -

lévrier en chevreuil, rires en peau et os.

Et personne ne survit à la chasse : bien que les hommes rentrent en groupes de trois ou quatre, le visage rendu inexpressif par le froid,

ils n'atteignent jamais vraiment ce qu'ils semblent être,

laissant au cour de la forêt une tournure de phrase ou

une chanson de leur enfance, penchés sur la proie qui tressaille,

ils attendent, tandis que leurs couteaux transpercent le sang

comme du beurre ou de la soie, que le coeur s'arrête.



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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 18:26

il y a de nombreux mois, je faisais la queue pour voir l'exposition de Basquiat à Paris

la queue - dieu merci - était moins longue que le matin pour Monet

une bonne demi-heure ceci dit

la veille j'avais passé toute la journée à réciter du Michaux pour mon ami Nicolas (bretzel lab) qui essaye de mettre ça en musique, en "poème sonore" comme il dit

devant moi, un jeune homme, aux cheveux fort bruns patientait en lisant des poèmes d'Osip Mendelshtam dans ces petits livres blancs Gallimard que tous ceux qui s'interessent à la poésie connaissent bien

il fut surpris de mon regard, je lui expliquais qu'il était rare de voir quelqu'un faire la queue, en lisant des poèmes

il se présenta : emmanuel Laugier, poète , essayiste,  et critique littéraire au Matricule des anges... Moi qui venais juste de ne pas renouveler mon abonnement, j'étais mal... :)

emmanuel-Laugier

nous avons bavardé fort agréablement jusqu'à l'entrée, il venait d'enregisreer pour Sophie Nauleau et son excellente émission "Ca rime à quoi" , je lui disais mon expérience au même micro quelques mois auparavant...

du coup plus tard j'achetais "FOR" éditions Argol, 2010

la poésie d'emmanuel Laugier est très déstructuré, la syntaxe est malmenée, restent les mots et leur agencement si particulier à ce poète ; cela m'a rappelé un peu la poésie de Christophe Lamiot Enos, mais la poésie de Laugier est encore plus hachée, pleine d'interrogations sur ce que l'oreille entend, les yeux voient, à partir de situations simples, le poème peut et doit se dévoiler / une page :

 

 

ce qui reste se continue

au-devant de grandes pierres noires forment un

collier

quand ton pied passe de l'une

à l'autre

comme cela par un écart

il disparaît un instant

l'ombre de la pierre le boit tu ne sais plus

qui marche en elles si

c'est le rêve

qui le permet ou

bien en réel tel

franchissement qui accomplit

ouvre une passe

la suivante

le synthétique moment du jour

indiscernable

 

FOR

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 10:54

Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance
Il me faut voir entendre et abuser
T’entendre nue et te voir nue
Pour abuser de tes caresses

Par bonheur ou par malheur
Je connais ton secret pas coeur
Toutes les portes de ton empire
Celle des yeux celle des mains
Des seins et de ta bouche où chaque langue fond

 
Et la porte du temps ouverte entre tes jambes
La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre
Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure
Tout en gardant cette pâleur de perle morte
Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes

Tu es comme la mer tu berces les étoiles
Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares
Les amants et les fous
Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute

Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

Paul Eluard

(Corps mémorable, 1948)

 

Eluard et Jacqueline

 

Ce n'est pas le meilleur poème d'Eluard, mais j'ai une grande sympathie pour celui-ci qui parle simplement d'amour, de mort et de liberté ; Paul Eluard fut le poète de l'ode féminine par excellence ; adolescent, je connaissais tout de ce poète-là - ce qui par chance me valut une note exceptionnelle (allons disons-le :-) ) au bac français...

Paul Eluard a appris un an auparavant la mort brutale de Nush ; après le ravissement de Gala par Dali, il doit se dire qu'il n'a pas de chance avec ses muses et épouses ; il rencontre Jacqueline Duhême, il a 51 ans et elle 20 ; ils vivront ensemble une petite année ; la légende dit qu'en voulant l'épouser, il se fit sacrément remonter les bretelles par le PCF car c'était "petit bourgeois" d'épouser une fille si jeune... La jeune femme ira aider Matisse par la suite et deviendra une célèbre illustratrice (Prévert notamment) ; quant à lui,le poète rencontrera au Mexique sa dernière femme Dominique Lemor qu'il épousera un an avant sa mort (d'une crise cardiaque en 1952), il aurait eu 57 ans le mois suivant...

En lisant Eluard, on a l'impression qu'il est facile d'écrire de la poésie et facile de l'imiter, j'ai maintes fois tenter sans jamais réussir... 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 13:18

Le bruit des vagues

reverdy.jpg


    Tous les flots des marines du mur pourraient se déverser dans les assiettes, avec la céruse écumante des vagues. Le fond resterait toujours bleu, derrière le soleil trop éclatant du cadre. Dans la maison, assez calme pour un pareil temps, chacun se retournera pour savoir d’où venait ce bruit, ce mouvement. Car personne n’était dans le secret, que celui dont l’œil inquiet ne quittait plus le carré blanc de la fenêtre, et, dans les rideaux soulevés par sa poitrine émue, celui qui n’était venu là que pour voir et non pas être vu.

 


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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 16:56

lysianerakotoson

 

 

Qu’est la poésie ?

Ou plutôt de quoi est fait un poème ? Comment s’écrit-il ?

Pour moi, cela a toujours été un acte de liberté, voire libertaire ; ce que j’écrivais à 17 ans était illisible (trop influencé par les surréalistes), mais peu importait, n’est-ce pas ? Jouer avec les mots, les phrases, la syntaxe... chercher le contexte ultime pour décrire de manière originale nos sentiments, nos regards, nos souffrances, nos joies, notre béatitude face au monde vivant...

 

Je suis toujours stupéfait en lisant les poètes de voir la diversité incroyable des poèmes, leur grande pluralité, leur grande variété...

Les poètes sont des hommes et femmes habiles, leur lecture la plupart du temps m’enchante ; y compris la poésie contemporaine qui n’a pas toujours bonne presse...

 

Lysiane Rakotoson a eu la chance (mais sans doute n’est-ce pas que de la chance) de gagner le prix de poésie de la Vocation (Fondation Marcel Bleustein-Blanchet) ce qui lui permet aujourd’hui d’être publié par une maison dont tous les poètes rêvent : les éditions Cheyne.

 

Lysiane est une jeune agrégée de littérature et son premier recueil publié laisse augurer de belles choses... Elle s’intéresse au rapport théâtre poésie et à l’oralité en littérature.

 

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En deux temps : respiration des commencements puis confidence faite à ma nuque (ah ! les nuques des femmes !), Lysiane Rakotoson a confectionné un petit livret sensible. L’ouverture : c’est l’aube : (en bleu : de l'auteur)


 

Le matin a remué d’un coup sa volière de silence et de lumière.

 

Je porte cette bure jusqu’à ce que le poème creuse un passage dans ta chair


 

Il y a de la fragilité, mais tout autant de la force, et puis des phrases courtes, certains poèmes pouvant évoquer des idées d’haïkus... (une influence de Guillevic connu pour sa concision et qu'aime l'auteur ?) comme :


 

Tes mains

Je rêve de ces couteaux plus hauts que l’été,

Et de leur répétition.

 

 

On y trouve un langage des corps amoureux et un retour régulier au monde solaire et aérien (beaucoup d’oiseaux), sensuel et terrien, comme :

 

Le soleil me dévalise -

ma bouche capitule

au bord -

me livre ainsi tes contours

un parfum de cailloux frottés -

feu de joie dans la détresse des muqueuses.

 

Puis comme dit la poétesse : devenir à son tour un corps conducteur, être traversée par une brûlure croissante ; le « nous » le « nos » le « notre », le « tu » et le « je » ensuite deviennent le squelette de cette traversée bleue, comme si le couple, ou l’amour – à lui seul – suffisait à décrire le monde...

Un constante attention aussi au monde extérieur : celui des nuages, des écorces, des oiseaux, des paysages...

 

Poèmes brefs et concis, les textes de Lysiane Rakotoson se lisent comme des épures...

 

Le ciel fait la diérèse du rose et du bleu et nous

le roulons paume contre paume féconde. Nous entrons dans le jour, nous inventons une neige et des baisers exacts – violets comme nos bouches un soir.

 

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en cliquant sur son portrait une visite de son site...

 


lysiane-rakotoson

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 05:45

"...Un poète paysan dont le renom grandira tout d'un coup, un jour quelconque dans l'avenir." Pierre Mac Orlan

 

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Mort à 31 ans, fils de meunier, beauceron, il est l'un de nos plus grands poètes libertaires ; il fut aussi un chansonnier d'exception. Tuberculose, absinthe auront eu raison trop tôt de lui.

 

Gérard Pierron fut l'un des premiers à "réhabiliter" les chansons du poète, beaucoup d'autres suivront ensuite... La truculence de la poésie de G. Couté fait toujours modernité...

 

Amis parisiens, veinards !

4 jours de Gaston Couté pour le centenaire de sa mort !

Celui que l'on a appelé le Père de tous les Brassens !

 

01-visuel

 

couté

 

couté2

 

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Comme Gaston Couté est vraiment le poète à "dire tout haut", voici un texte lu

je n'ai pas le talent exceptionnel des conteurs classiques de Couté : Pierron, Meulien et tant d'autres, excusez-moi...

 


la-paix-Coute.mp3

 

 

La Paix

 

Des gâteux qu'on dit immortels,

Des louftingues en redingote

L'adorent au pied des autels

De leur ligue de patriotes :

Des écrivassiers de mon cul

En touchants mélos d'ambigu

Ou romances pour maisons closes

Nous chantent cette horrible chose :

La Guerre !

 

Refrain

 

Oui mais, si nous avions la guerre,

Devant le feu, qui donc filerait comme un pet ?

Voyons les cabots de la guerre,

Foutez-nous la Paix !

 

Notre faux n'abat plus moisson

Sous nos marteaux plus rien ne vibre

Et nos coeurs gardent la chanson

Que lance au vent tout homme libre

Car nos mains dociles ont pris

Les divers outils de carnage

Pour au même plus bas prix

Même sale et stupide ouvrage

 

Refrain

 

Oui mais, si nous avions la guerre,

Devant le feu, qui donc filerait comme un pet ?

Voyons les cabots de la guerre,

Foutez-nous la Paix !

 

Un sou par jour !

Ohé ! Sur tout le chantier de la guerre

C'est pour un sou que l'on tuerait son frère

Un sou par jour !...

En grève, en grève !...en grève et pour toujours.

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