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some words :

"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
Ugo Betti

"Le sens trop précis
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ta vague littérature"
Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
qui s’étend de moi vers l’autre. "
Mario de Sa-Carneiro
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 19:24

« Ah ! autrui ! le besoin d’autrui ! un homme ne peut se dépecer lui-même jusqu’au bout. Pour le dernier sang il est bon qu’il ait quelqu’ami pour l’aider. »

Henri Michaux in "qui je fus"

henri-michaux

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 14:40


Qu’il est bon ainsi de longer ce fleuve aux dents immenses
froisser les ronces et les herbes, les fleurs, colonies d’insectes vrombissent
Quelques pêcheurs moitié hommes moitié eau
en rondeur leur corps penche vers le point central du fleuve

    Une petite sente va gaiement d’un point à l’autre de la source à d’autres mers brille même la nuit d’idées déposées
L’homme brouillon alors qui résonne par ses pas
Prend pour ami ces lieux secrets, il les chante de ses yeux
Il bourdonne
Il aimerait lui-même butiner et voler au creux des vagues et dans l’intime des pétales déclarer sa flamme à ce papillon là

    Le chemin est doux et parfumé d’effluves magiques
Eau croupie qui pose, eaux filantes à reflets mercure
Toute chose est vivante protégée nourrie par le fleuve
Le fleuve donne à manger les îlots encerclés, comme un parent
riche de mille précautions

    De grands oiseaux hésitent d’un point à l’autre par grappes incertaines
Changeant de cap à tout va et sans prévenir
Par grandes bouffées d’oxygène et de pâleur lunaire, l’homme aussi
Revient parfois sur ses pas, parfois par inquiétude
Parfois par contentement
S’immobilise souvent dans la tiédeur du vent qui amènera la pluie
Tièdes bourrasques enrichissantes et nourrissantes
Un lait du ciel ni amer qui remplit le fleuve encore et de nouveau

Je n’ai rien d’autre à dire, dit l’homme
Affalé de son corps vers les eaux grises
Si ce n’est voir le fond de ces bancs de sable
Y chercher l’emplacement d’un tombeau
Gisant sous-marin sous ces mètres qui filent
J’y serai en grand repos, en toute fin
Espérer peut être là dans le mouvement final
Ces fameux espoirs que certains nous dictent alors que l’on sait (et tous) que la mort au mufle chaud est là derrière, dans ton dos, on y sent cette haleine chaude, humide, animale, précise
Le fleuve est le lieu unique où dissocier ses atomes
Vers un arc-en-ciel naturel
Vers cette nature unique puissamment vivante
D’eaux et d’air, de terre mouillée, prête à enfanter
Où sans cesse la vie renait chaque seconde tant de coups à donner

Un grand silence, le lieu fourmille de vie en tout sens
  prends ma main, je mouille ta nuque et un baiser
Dans la fouaille de l’été, nous nous sommes encore rencontrés
Touchant par nos peaux nos moments d’éternité

La couleur couchante du ciel donne des traits uniques
Au grand paysage unique semblant dire

et unir les mondes

"Bec du Cher" en fin de journée
Le Cher (à gauche) se jette dans la Loire
la petite plage ferait une tombe idéale

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 01:50

   Ce qui fit le dégel, le déluge c’est mon sang s’abattant abrupt pour une cascade soudaine lorsque j’appris ta mort ; ce fut comme si on me coupait les bras ; comme si on m’asphyxiait un sac en plastique enfoncé profondément ; je ressentis à plein corps une chute, un ravin ou un précipice inconnu ; c’est ton visage qui vint d’un coup, où perlaient au milieu deux yeux coquins, puis ton sourire, enfin tes lèvres bleues, tes lèvres peintes.
Et donc ta voix et ton timbre de rossignol, dans cet univers grisâtre tu bleuissais comme une étoile vive, ton visage unique était mon meilleur amer à moi…

   Je me réveillais ce matin gris, mauvais rêve. J’appris que tu n’étais pas morte puisque personne ne vint me l’annoncer. Du coup je me risquais à aller chez toi. Une bonne heure à pied, mais mes godillots sont solides. En ce mois de janvier, le romarin et les genêts étaient déjà en fleurs. J’arrivais, ton chien m’entendit, mais n’aboya pas, je me cachais derrière cette belle haie d’un vert d’hiver taché cependant de quelques baies rouges. Je fis ma respiration plus lente. Tu sortis, tu montas sur une chaise pour distribuer dans les mangeoires des graines aux oiseaux, tu étiras ainsi ton corps, fusiforme soudainement et bien féminin. La neige devait tomber le lendemain, tu étais prévoyante. Je me fis voyeur de ce tout petit instant de nos toutes petites vies de rien du tout. Mais j’étais là à te regarder et tu l’ignorais, je marquais un point. Puis tu rentras et la cheminée se mit à cracher une fumée qui sentait bon les résineux pas assez secs. Je refis le chemin inverse sachant que je devais aller te voir tout à l’heure. Les mauvais rêves sont étranges et on les dit parfois prémonitoires, mais tout en toi respirait la vie, la vie même que j’ai si souvent écarté, refusé, éloigné de moi comme s’il s’agissait d’une tare. Une tare ancienne. Mais tu le savais, cette histoire sordide ou triste, c’était une histoire d’enfance, encore une. De ces histoires d’enfance qu’on traîne toute sa vie et dont on veut parfois faire un roman. De ces histoires qu’on avait bien oubliées et qui brusquement, on ne sait pourquoi, ressurgissent à la cinquantaine, avec ce cortège de non-dit et de souffrance d'enfant. Avec des pics, des griffes, des clous encore parce que faire mal c’est l’idée de ces histoires d’enfance.

   Peu importe, je suis une grande personne maintenant. N’est ce pas ?

   Au retour, je fis ce détour pour voir la grande ville là en bas, on entendait quelque bruit. Puis je rentrais. J’essayais de me faire beau pour tout à l’heure, je rentrais mon ventre, lissais mes joues, coupais mes sourcils qui partent dans tous les sens, puis me parfumais. Je mis même ma vieille chemise de grand père. Là encore un souvenir de notre adolescence. Puis je me dis que la vie était sereine ainsi, que ton corps était rouge de désirs de femme, que ton chien était fidèle. Il pouvait neiger je m’en foutais. Je marcherais.

   Je me souvenais de notre dernière soirée ensemble, nous étions allés écouter chanter l’ami Jacques Bertin. La petite salle était remplie d’une petite centaine de personnes. Un comédien connu, François Morel, était là tout près de toi, j’appris peu après que lui aussi écrivait des petites chansons. Quand Jacques chante, il se fait un silence unique, chacun retient sa toux avec force pour que les mots du chanteur ou du poète ne soient pas amputés. De sa masse assise sur la chaise se dégage une force incroyable, incalculable, presque impensable. Il me chante moi, et mon enfance ; il chante ma mémoire, ma vie près de la Loire, mes amours disparus. Il chante tout à fait mon monde « à moi ». C’est ainsi, mais il ne le sait pas, qu’il est devenu mon grand frère.

   Effectivement, il neige déjà.
Je bois mon café doucement, tout à l’heure j’irai voir ton nombril rigolo briller sous mes doigts facétieux. J'essaierai de te caresser au mieux, car je te veux du bien.
Il neige beaucoup, et alors, le bruit que fait mon pas dans la neige est un bruit de ravissement. Et ton corps à venir une extase. Que j'imagine, que je fétichise, que j'idéalise. Le plaisir des femmes est pour nous choses inconnues. 


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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 07:24

 

 

Ariettes oubliées

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre est sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure .
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peineverlaine

(je n'ai pas dit la troisième strophe que j'aime beaucoup moins... Que le grand Verlaine me pardonne !)

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 10:26

 

 

Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde champêtre
mon escargot d’opale
 mon moustique d’air
mon édredon de paradisiers
 ma chevelure d’écume noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d’autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon œil
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
mon rire d’étang caché où vont se noyer les prophètes distraits
mon inondation de cassis mon papillon de morille
ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps
mon revolver de corail dont la bouche m’attire comme l’œil d’un puits
scintillant
glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux mouches de ton regard
perdu dans une exposition de blanc encadrée de momies
je t’aime

 

Benjamin Peret

benjamin-peret(in "Je sublime", 1936)

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 16:29

     En découvrant avec extase ce livre si atypique écrit en 2006 : successions de très courts paragraphes , avec des retours à la ligne évoquant les rythmes libres utilisés par les poètes, je me dis que l'écriture est parfois réellement "merveilleuse" ; d'ailleurs l'auteur au début de son ouvrage note :

"Depuis que la plupart des poètes ont pris congé de la langue versifiée et recourent, à la place des vers, à des rythmes libres et à une phrase flottante articulée en strophes, le malentedu s'est fait jour ici et là, qui veut que tout texte constitué de phrases flottantes, donc de lignes d'inégale longueur, relève de la poésie. C'est faux. La phrase flottante - ou mieux : la phrase volante - est libre et n'appartient pas seulement aux poètes."

C. Ransmayr

(*) ce procédé étrange et somme toute très rare dans la production de romans et de nouvelles a été repris aussi dans le très puissant "Un voyage en Inde" de Gonçalo M. Tavares, un des tout meilleurs livres de cette rentrée 2012.

 

 

    Et merveilleuse aussi la lecture. Qu'il soit encore possible de rêver les montagnes, de rêver les pays (ici : Irlande et Tibet), de chanter avec de tels exploits, la vie et la mort, avec un art suprême : celui des mots, tient du prodige. 

    Quant à moi, je ne suis pas sûr comme le dit l'auteur qu'il ne fasse pas partie lui même d'une race particulière de poètes, de celles par exemple qui n'écriraient pas de poésie, mais de longs textes chantants, une lente et longue mélopée. Car il s'agit ici bien d'un long poème en prose racontant les amours et difficultés de deux frères Pad et Liam, l'un proche de la mer, l'autre des rêves d'Internet, avec des souvenirs importants de l'Irlande et d'un père défenseur de son pays, mais autoritaire. Tous deux décident un jour d'escalader une montagne magique mal répertoriée sur les cartes et dont les tibétains locaux disent qu'elle est éphémère ; localement les deux frères somme toute très différents réussiront leur quête : à vous de découvrir laquelle ou lesquelles...

    Très vraisemblablement chef  d'oeuvre de la littéraure mondiale, ce livre exceptionnel doit nous donner envie de découvrir les autres livres de cet auteur. 

 

Ici : j'ai volé sur Internet la bien belle description de Hubert Trouiller parue dans "le choix des libraires" ; Hubert Trouiller est libraire à la librairie "Le marque-page" à St Marcellin :

Publié par Albin Michel en janvier 2008, ce récit nous emmène dans les hautes altitudes où la poésie et le rêve peuvent se déployer sans limites.
Deux frères irlandais Pad et Liam, aussi proches et différents que peuvent l'être les membres d'une même famille, rejoignent le Tibet oriental pour gravir PHUR-RI, la montagne volante, montagne éphémère qui n'apparaît qu'à de brefs intervalles entre la fin de l'hiver et le début de la mousson. D'après une légende tibétaine, transmise par les pasteurs du Kham qui sillonnent les hauts plateaux à la suite de leur troupeaux de yacks, les montagnes déposées par les dieux ne resteront pas toujours dans le monde des humains mais s'envoleront de nouveau dans les airs et disparaîtront comme elles sont venues.
Ces montagnes qui ont volé au secours des hommes quand ceux-ci ont commencé à se redresser de la position animale pour lever la tête et le regard vers le haut, les deux frères réaliseront leur rêve ; l'un y laissera la vie après avoir sauvé celle de l'autre.
Une longue et lente mélopée contemplative, rendue par une prose rythmée musicale et nostalgique, un long poème non versifié, une phrase " flottante " englobant tout (pensées, dialogues, descriptions) et cela coule et s'amplifie comme le Yang Tse, minuscule ruisseau à sa source tibétaine et fleuve gigantesque à son embouchure chinoise.
Avec en toile de fond cette vision orientale d'une nature habitée, secrète et mystérieuse, où tous, humains, animaux, végétaux et minéraux sont solidaires.
Et cette idée que tout revient toujours à sa source pour commencer à nouveau.
Avec la montagne volante, Christoph Ransmayr rejoint les grands visionnaires de la montagne.

Alexandre David Néel et le voyage d'une parisienne à Lhassa - René Daumal et le mont analogue - Thomas Mann et la montagne magique - Yasushi Inoué et la paroi de glace - Jiro Tanigushi et le sommet des dieux - Ramuz et la grande peur dans la montagne, sans oublier son compagnon et ami Reinhold Messner... une belle photo de famille.

 

Hubert Trouiller

 

la montagne volante

La note de Sophie Deltin du Matricule des anges

http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=57761

La note de Fabienne Pascaud dans TELERAMA :

http://www.telerama.fr/livres/24018-christoph_ransmayr_la_montagne_volante.php

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 15:52

« La poésie en détruisant édifie, en se refusant se donne. Elle ne peut s'ouvrir à la fin qu'à l'altérité. De l'intime à l'extrême, du coin de la table où j'écris, à l'invisible des lointains. »

Jacques Dupin

 

Jacques-Dupin

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 14:53

Ton bruit – souffle gris –

Ton sexe de paille vieilli

Neige empourprée

En ce sein vous romprez

Ventre refleuri

Je suis ta cavalerie

Enfin fillette

Tes billes je cueillette

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui mes vies effacées

 

La vie ? – plainte grise –

Souvenirs en fouillis

Désertification en route

Mois d’août en black-out

Je regarde les décors

Et ton corps comme accord

Enfin fillette

Ma fille parfaite

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui mes vies effacées

 

L’avenir – cintres gris –

Comme une treille vieille

Un panier peu rempli

Où bien tard j’y sommeille

C’est une parole bègue

Que bien triste je lègue

Enfin fillette

Belle femme coquette

Et en toi je grandis

My sweet milady

 

De jeunes filles joyeuses ont passé

Trains des ennuis trop enlacés

Pensées de corsage délacé

Ont fui de mes vies effacées

 

la jeune fille au bas noirs

(la jeune fille aux bas noirs / Bonnard, 1893)

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 11:11

 

Cendrars

 

DICTION : Cendrars Cendrars

 


Tout le monde est sur le pont
Nous sommes au milieu des montagnes
Un phare s'éteint
On cherche le Pain de Sucre partout et dix personnes le découvrent à la fois dans cent directions différentes tant ces montagnes se ressemblent dans leur piriformité
M. Lopart me montre une montagne qui se profile sur le ciel comme un cadavre étendu et dont la silhouette ressemble beaucoup à celle de Napoléon sur son lit de mort
Je trouve qu'elle ressemble plutôt à Wagner un Richard Wagner bouffi d'orgueil ou envahi par la graisse
Rio est maintenant tout près et l'on distingue les maisons sur la plage
Les officiers comparent ce panorama à celui de la Corne d'Or
D'autres racontent la révolte des forts
D'autres regrettent unanimement la construction d'un grand hôtel moderne haut et carré qui défigure la baie (il est très beau)
D'autres encore protestent véhémentement contre l'abrasage d'une montagne
Penché sur le bastingage tribord je contemple
La végétation tropicale d'un îlot abandonné
Le grand soleil qui creuse la grande végétation
Une petite barque montée par trois pêcheurs
Ces hommes aux mouvements lents et méthodiques
Qui travaillent
Qui pèchent
Qui attrapent du poisson
Qui ne nous regardent même pas
Tout à leur métier

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 16:41

automne automne1

Chute contentement aux feuilles chutant

Peu à peu petit à petit

Cliquetis doux métallisé et fin

Au tapis au sol des orange et ocre

Et marron miellat de l’automne en faim

Les arbres enfin pincent leurs pétioles

Et respirent nus aux heures courtes

Tel jour plus court

Vertical au souffle contemple flocons feuilles foulées

Fuites désespérées en nappage crême

Fleurissent en tapis jaunes chatons chatouillent tes doigts oh mon enfant d’avant

Diaprée lumière diffuse d’ici couleurs partagées

L’entracte des saisons

Blessure des terres enchevêtrées serties brasse brandie

Reste des arbres la cécité d’hiver

Les portes fermées aux feuilles qui frappent

 

automne2 automne 5

automne4 automne 3

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 11:25

un petit poème d'un de mes fidèles lecteurs...

 

 

 

ETRE LIBRE

 

Etre libre, faire un pas

En faire un autre

Le faire droit

Ou de travers

Ou pas

Ou les deux à la fois

L’ordre, la trajectoire, le choix

Etre libre c’est quoi ?

Etre libre, faire un pas

Ou deux, ou trois

Ou rien du tout

Prendre ses jambes à son cou

Liberté, liberté chérie

Viens par ici foutre la zizanie

Liberté des avantages acquis

Que de crimes commis

En ton nom tout petit

De l’espoir à boire

Et des colères en fer

L’enfer pour les uns

Et pour les autres, rien

Etre libre !

Tu vibres toi, l’homme en bois ?

Avec tes bras en croix

Fauché, fini

Pitoyable bandit

Libre d’avoir tout donné

Tes cheveux et tes os

Les ongles de tes pieds

Et ton humanité

Etre libre de quoi ?

Libre de soi je crois

Parler, rugir, s’exprimer

Pleurer peut-être, ou rire

Sortir de soi.

Trouver en soi un homme des bois

Le suivre et grogner

Japper, aboyer, gueuler surtout !

La jouer rock, très rock,

Avec des croutes et des cloques

Du sang et du feu

Et des hurlements

Combien de hurlements ?

Combien de cris contre le vent ?

Combien t’en veux ?

Des mots à hurler ou à dire

Les plus grossiers, les pires

Les cachés, les indignes, les malencontreux

Des mots à maux et à mentir

Des mots à vomir par phrases entières

A reconduire à la frontière

Du sourire

Et les bruits qui ne sont pas dits

Qui sont faits

Et même joués

Joués d’accords

Mais cognés d’abord

Et envoyés

Tout droits

Sinon quoi en faire

Quoi faire sinon chercher de l’air

Chercher un air et chanter fort

Ou mieux encore parler

Et dire je t’aime

Est-ce vraiment approprié ?

Etre libre c’est quoi ?

C’est petit ou c’est grand ?

C’est jeune ou c’est vieux ?

C’est une idée ancienne, une idée âgée,

Avec des fesses ridées

Et de beaux cheveux blancs

Qui pense encore à la baiser ?

Etre libre, faire un pas

C’est peut-être ce qu’on veut

Ce qu’on veut que ce soit

Ce qu’on veut sortir de soi

Un homme, une femme parfois

Un être aux abois

En devenir de rien

Juste une idée, une cible

L’ombre d’une ombre en équilibre

Etre libre c’est quoi ?

La fumée, le vent, les nuées ?

Etre libre c’est quoi ?

Partir, foutre le camp ?

Quitter qui, quitter quoi,

Se quitter soi, mourir ?

Pour un murmure, un soupir

Un simple frémissement

Une ondulation

Une action qui commence

Le début de quelque chose

Juste le début

Trois fois rien

Un cœur battant

Faiblement

Mais qui va de l’avant

Apeuré, contracté, constipé,

En plein encombrement

Un souffle dérobé arraché au néant

Un premier cri

Une tétée

La vie

La liberté

Ce qu’on ne sait pas de nous

Ce coin de ciel au delà de la rage

Ce gout de rêve à respirer

La liberté je la vois, je la sens

Mais être libre, vraiment,

Je ne sais pas

Et après tout

Pourquoi pas ?

 

                                                                                    Dangolsheim, mars 2010

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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 22:50

 

 


insectes.mp3

 

 

 

Insectes

 

    M'éloignant davantage vers l'Ouest, je vis des insectes à neuf segments avec des yeux énormes semblables à des râpes et un corsage en treillis comme les lampes des mineurs, d'autres avec des antennes murmurantes ; ceux-ci avec une vingtaine de paires de pattes, plus semblables à des agrafes ; ceux-là faits de laque noire et de nacre, qui croustillaient sous les pieds comme des coquillages ; d'autres hauts sur pattes comme des faucheux avec de petits yeux d'épingle, rouges comme ceux des souris albinos, véritables braises montées sur tiges, ayant une expression d'indicible affolement ; d'autres avec une tête d'ivoire, surprenantes calvities dont on se sentait tout à coup si frères, si près, dont les pattes partaient en avant comme des bielles qui zigzaguaient en l'air.

   Enfin, il y en avait de transparents, carafes qui par endroits seraient poilues ; ils avançaient par milliers, faisant une cristallerie, un étalage de lumière et de soleil tel, qu'après cela tout paraissait cendre et produit de nuit noire.

 


 

Henri Michaux (Mes propriétés, 1929)

 

Henri-Michaux

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 17:14

     

montre-molle-dali

 

      Il paraît que ressasser son passé, c'est augmenter les risques de dépression ; Jean Sommer quand il chantait disait même que c'était comme "enterrer deux fois les morts" ;

alors je trouvais ces mots de Goethe :

 

"Alors l'esprit ne regarde ni en avant ni en arrière. Le présent seul est notre bonheur." Goethe Faust II

 

Ce à quoi, mon neveu, aimant beaucoup se remémorer son passé me répond :

 

“Sitting on the floor, I'd replay the past in my head. Funny, that's all I did, day after day after day for half a year, and I never tired of it. What I'd been through seemed so vast, with so many facets. Vast, but real, very real, which was why the experience persisted in towering before me, like a monument lit up at night. And the thing was, it was a monument to me.” 
Haruki MurakamiDance Dance Dance
"Assis sur le sol, je repasse le passé dans ma tête. C'est drôle, c'est tout ce que j'ai fait, jour après jour après jour, pendant une demi-année, et je ne m'en suis jamais lassé. Ce que j'avais vécu semblait si vaste, avec tant de facettes. Vaste, mais réel, bien réel, ce qui explique pourquoi l'expérience a persisté à me dominer devant moi, comme un monument éclairé la nuit. Et le truc était que ce monument était pour moi."


“We seem to live in a world where forgetting and oblivion are an industry in themselves and very, very few people are remotely interested or aware of their own recent history, much less their neighbors'. I tend to think we are what we remember, what we know. The less we remember, the less we know about ourselves, the less we are.” 
Carlos Ruiz Zafón (Interview with Three Monkeys Online, October 2008)
"Il semble que nous vivons dans un monde où l'amnésie et l'oubli sont une industrie en soi et très, très peu de gens sont intéressés ou conscients de leur propre histoire récente, et encore moins leurs voisins. J'ai tendance à penser que nous sommes ce que nous nous rappelons, ce que nous savons. Moins nous nous souvenons, moins nous savons de nous-même, moins nous sommes.

“You are speaking...as if the pleasure were one thing and the memory another. It is all one thing... what you call remembering is the last part of the pleasure.” 
C.S. LewisOut of the Silent Planet
"Vous parlez ... comme si le plaisir était une chose, et la mémoire une autre. Les deux sont une seule chose ... ce que vous appelez le souvenir est la dernière partie du plaisir."


"Everybody needs his memories.  They keep the wolf of insignificance from the door."
- Saul Bellow
"Tout le monde a besoin de ses souvenirs. Ils gardent le loup de l'insignifiance à la porte." -  
QU'EN PENSEZ-VOUS ?

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 16:00

    Jacques Dupin vient de nous quitter il y a quelques jours, à l'âge de 85 ans. Ami de Char, et grand connaisseur de Miro et de divers autres artistes de l'époque (Giacometti, Tàpies...), il n'écrivit que de la poésie et divers essais sur l'art contemporain. Son oeuvre assez atypique est à mettre au même niveau que Char ou que Bonnefoy.Il travailla aussi à la fondation Maeght (dont je rêvais lorsque j'étais jeune d'y travailler) et y organisa en 1977 une rétrospective de l'oeuvre peinte de mon poète préféré Henri Michaux.

 

 

  Jacques-Dupin

 

 

 

Une forêt nous précède

et nous tient lieu de corps

 

et modifie les figures et dresse

la grille

d'un supplice spacieux

 

où l'on se regarde mourir

avec des forces inépuisables

 

mourir revenir

à la pensée de son reflux compact

 

comme s'écrit l'effraction, le soleil

toujours au coeur et à l'orée

de grands arbres transparents

 

 

Jacques Dupin ( in "l'embrasure", 1969)

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 11:58

lune

 

La lune pleine court dans le noir

Une étoile voisine la suit

 

Les nuages gris étirés et lents

 prendront eux aussi de la vitesse

 

perdre ou non cet allant des choses

ce que le monde vivant conçoit

 

je suis à l’heure fleur des roses

je vis l’instant présent

 

éloignement des murs

des estafilades du cœur

ont les parfums des songes passés

nez de mers de feuilles foulées

asphalte gris humus maigre

suivre cette lune qui fuit

me reveiller encore dans un futur autre

s’éveiller dans l’autre

une autre peau d’éveil

 

suivre la lune qui fuit silencieuse

et les nuages statiques qui guident son chemin

 

penser à la vie fuyante et nous

au milieu des chemins

mal apprenants de nous mêmes et des autres

dans les sucs amusés des désespoirs plus profonds

 

on passe encore

le temps fuit

mange et boire

le caramel des oublis

 

l’allumé soleil loupe ses valses

au creux de tes sourires certains

il a tes reins qui montent en vain

vers les morts en extase d’astre

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